jeudi, 4 juin 2009

Dignité pour tous!

 Atelier des Enfants a développé le programme dit du "Droit au nom" afin de donner tous leurs droits aux "ombres".  Beaucoup de personnes ne jouissant pas de leurs droits de citoyen (soins médicaux, droit de vote, scolarisation) faute d'un acte de naissance. Ces deux histoires illustrent le travail mené sur le terrain.


Elle a 91 ans. Elle pourrait en avoir 200. Sa peau semble avoir été froissée comme du vieux papier. Elle est là, á nous regarder, sans rien trop comprendre de notre espagnol.

Par son petit fils – lui-même grand-papa – nous apprenons qu´elle a eu 13 enfants, que presque tous sont morts où « inutiles » selon la traduction faite du quechua.

Elle est là pour recevoir son « acte de naissance á retardement » ce qui lui donnera le droit d´avoir son Document National d´Identité.

Cela fait 10 ans qu´elle vit dans le bidonville, elle est passée par le recensement, on n´a pas pris soin d´enregistrer son existence  – comme tant d´autres -  surtout parce qu´elle n´est pas une véritable citoyenne de ce monde, puisque jamais, jamais personne n´a eu le souci de déclarer son « appartenance » au monde.

Son petit-fils lui explique qu´avec ce document elle va pouvoir avoir l´Assurance Sociale et que si elle veut, l´an prochain elle pourra voter. Elle sourit, fait des petits bruits et s´en va à petits pas, en faisant des courbettes de gratitude qui je crois, en disent passablement sur le travail fait par l´équipe du Droit au Nom de Taller de los Niños.

Manuel, responsable du programme déclare : il ne s´agit pas seulement de donner le droit à l´Identité, reconnu maintenant comme un des Objectif du Millénaire. Il s´agit de traiter les personnes de telle manière qu´ils arrivent à sentir qu´ils sont des personnes.

 

C:\Documents and Settings\CHRISIANE\Escritorio\Mis Fotos\Año 2009 - 1er semestre\Partida de Nacimiento 2009 I\Photos pour rapport au 30 mai\PN Femme de 91 ans venue faire son acte de naissance !.JPG

 


 

Eux sont plus de 150, du peuple Ashaninka, déplacés il y a plus de 16 ans de leur territoire, par la violence interne et les trafiquants de drogue. Ils sont arrivés à Lima, ayant perdu tout, leurs biens, leur identité, non pas seulement celle qu´ils ont acquis au travers de leurs ancêtres, mais aussi celle qui légalement les reconnait comme des citoyens Péruviens.

Voilà 16 ans qu´ils vivent au bas d´une des collines de Lima, sans que personne ne se soucie d´eux… finalement  un peu folkloriques, ils semblaient agrémenter le paysage. Jusqu´à la fin décembre ou par hasard un de leur représentant a connu une doctoresse qui a connu une personne, qui connaissait le programme du droit au nom.

Trois mois ont été nécessaires pour reconstruire leurs histoires, pour établir le dossier des plus âgés comme des enfants nés à Lima – souvent á domicile - , mais jamais reconnus puisque leurs parents ne pouvaient les déclarer officiellement.

Le programme du Droit au Nom c´est bien ça, c´est comme le premier escalier pour accéder lentement au droit à « exister ».

 

C:\Documents and Settings\CHRISIANE\Escritorio\Mis Fotos\Año 2009 - 1er semestre\Partida de Nacimiento 2009 I\Photos pour rapport au 30 mai\PN Famille complète identifiée.JPG

mardi, 17 mars 2009

Les détails comptent

Je rendais hier visite à Célia qui dirige un centre de formation de jeunes faiblement scolarisés. En 45 jours, ces derniers peuvent devenir machinistes en textile, formation qui s'avère très rentable. Le Pérou produit, en effet, beaucoup de textiles en coton de bonne qualité. Malgré la récession actuelle, le Pérou s'enorgueillit de maintenir une croissance de 5% et une consommation intérieure stable. Le taux de chômage des jeunes lui frise les 30% en bonne partie faute de formation de qualité. L'enjeu est donc de taille, trouver des opportunités d'emploi et concevoir une formation courte accessible à des jeunes vulnérables au niveau économique et scolaire. 
Après 3 ou 4 ans de pratique comme machinistes en textile, les professionnels gagnent 3 fois le salaire de base au Pérou (400 soles, soit 140CHF). Chaque année, Célia et son équipe forment 150 jeunes environ qui sont ensuite, grâce à un système de bourse du travail, placés en ateliers de confection ou en entreprise.
Cette formation doit donner tous les trucs du métier pour convaincre les patrons de garder en poste les jeunes formés par Atelier des Enfants. Par exemple, se la ver les dents après chaque repas revêt une importance cruciale. Oui, si l'haleine est fétide, l'odeur du tissu immédiatement en est contaminée. Une cure de rafraîchissement du vêtement s'avère nécessaire par l'application d'un aérosol changeur d'odeur. Pour le patron, cela entraîne un surcoût, l'employé entre dans la liste noire et peut perdre à terme son emploi pour sa mauvaise haleine...

vendredi, 6 mars 2009

Maman adolescente, une formation pour s'en sortir!


En 6 semaines, elles ont appris à animer des groupes d'enfants, à connaître les étapes du développement des plus jeunes, elles ont expérimenté des activités manuelles, raconté des contes, mémorisé des chansons. Et surtout, elles ont développé une meilleure estime d'elle même. Elles, ce sont les mamans adolescentes qui en ce début de mois de mars ont vécu le baptême du feu, leur première rentrée comme professionnelle. Elles viennent, en effet, de terminer leur formation d'auxiliaires d'éducation enfantine, et, déjà, les voilà propulsées face à des bouts de chou, eux aussi désemparés, rentrée oblige. 
Bien sûr, les enfants, elles connaissent, elles sont mères à 14, 16 ou 18 ans et elles ont dû traverser l'immense souffrance de décevoir leur famille pour faire naître un petit non désiré. Par chance, la formation a aidé à gagner de la confiance en soi. Pour certaines, l'accès à un travail rétribué est une opportunité extraordinaire. Parallèlement, Atelier des Enfants les a accompagnées dans la recherche d'un équilibre entre la nécessité de travailler et celle de garder leur enfant. Car une vie digne doit être possible pour elle sans sacrifier leur enfant. C'est le pari de la formation offerte et des opportunités de travail ainsi créées.
Dans le district de San Juan de Lurigancho à Lima, ce sont plus de 5'000 adolescentes qui sont concernées par une grossesse précoce. Et le phénomène prend de l'ampleur. Surtout dans les couches les plus vulnérables de la société. Un réseau de soutien à ces jeunes mamans s'est mis en place en alliance avec la maternité de Lima. Atelier des Enfants a initié ce travail d'accompagnement. La formation professionnelle entre dans les stratégies pour vaincre le cercle vicieux de la pauvreté. Et parfois, cela donne de beaux résultats. Belle rentrée aux jeunes auxiliaires d'école initiale!

mardi, 3 mars 2009

Pas la pêche Anderson?


Ce jour-là Anderson a pas la pêche! A 7h30, ce 2 mars, jour de rentrée, son papa l'a déposé dans la salle à manger du centre d'éducation initiale d'Atelier des Enfants de Canto Grande, bidonville à 1 heure de route du centre de Lima. Sa maman, elle était déjà partie à son travail à ces heures-là.
Anderson a pris un peu de pain, mais c'est quoi ce lieu nouveau peuplé de parents au visage grave et d'autre enfants un peu endormis?  Quelle idée a eue son papa ensuite de le conduire dans sa salle de classe, toute belle peinte en jaune bourrée de jeux éducatifs, et de partir!!! 
C'est ça qui a tout déclenché, mais pourquoi devait-il partir? Anderson s'est accroché à lui et a fondu en larmes. Réaction assez normale en somme! Les activités de contes, de Lego, de jeux à l'extérieur ont, parfois, durant la matinée réussi à distraire Anderson de son gros chagrin. 
Mais la fatigue aidant, vivre avec 34 autres petits camarades du même âge et 140 autres grands c'est tout un travail!, la peur de rester abandonné a repris le dessus. Et Anderson a commencé à hurler, déclenchant la surprise de certains de ses camarades ou ... d'autres pleurs. 
Par chance, le lavage de mains rituel avant le repas et la découverte d'une platée de pâtes bolo l'ont réconcilié avec le centre, avec ses camarades, avec la nouveauté, avec la vie. Combien de temps lui donner pour qu'il vienne le matin avec un sourire de "Joyeux anniversaire" aux lèvres?

vendredi, 27 février 2009

Tous les enfants ont droit à une éducation de qualité!



Merci à Christiane Ramseyer dans son très beau message- commentaire de nous avoir redit l'importance de soutenir l'éducation des plus jeunes. Avec Atelier des Enfants, ils ont des voix, des bras et des enthousiasmes qui défendent l'importance d'investir dans l'éducation des plus jeunes. Aussi pour lutter contre les inégalités. Un journal d'Uruguay récemment publiait qu'une des pistes pour donner plus de chance aux plus pauvres serait de leur donner des centres d'éducation enfantine à plein temps et non pas seulement le matin. C'est exactement ce que le centre d'éducation d'Atelier des Enfants fait depuis 30 ans. Avec l'équipe d'enseignantes, nous travaillons sur un document qui mette en valeur l'expérience acquise au fil des ans. En attendant, encore quelques photos des portes ouvertes du centre.

jeudi, 26 février 2009

Centre d'éducation enfantine: portes ouvertes!



De ce côté-ci de la planète, (je suis au Pérou)  l'été bat son plein! Pourtant, déjà, les enfants doivent songer à retrouver le chemin de l'école qu'ils ont abandonné pour cause de vacances depuis Noël. Atelier des Enfants a organisé hier la journée portes ouvertes dans son centre d'éducation enfantine. 170 enfants y sont inscrits, ils ont tous de 3 à 5 ans et une maman qui travaille, condition pour accéder à la scolarité à plein temps offerte par Atelier des Enfants. Les autres écoles offrent une scolarité du matin.
Dès 14h30, les parents et les enfants ont été accueillis par toute l'équipe éducative qui s'est présentée (éducatrices, infirmière, équipe de cuisine, psychologue, nutritionniste, etc.) et qui a fait son maximum pour que le jour de la rentrée (lundi) se déroule au mieux. La confiance est essentielle lorsqu'une maman dépose à 7h30 son petit de 3 ans pour aller à son travail, c'est à l'établissement de ce lien avec les familles que s'est attelée l'équipe. Projection de photos des activités de l'année dernière, explication des repas, du suivi médical proposé, des attentes face aux enfants, visite des locaux, insistance sur la nécessité de communiquer entre parents et enseignants, humour. Pendant ce temps, déjà, bon nombre d'enfants jouaient dans la cour sur des tapis de mousse et des toboggans mous. 
Tout le monde me parle des pleurs, des premiers coups et de la difficulté de la transition pour tous ces enfants dès lundi. Il est vrai qu'ils vont malgré leur jeune âge entrer dans des journées de travailleurs. Ce n'est qu'à 16h30, 17h00 qu'ils pourront se retrouver dans leur univers mieux connu. 

mercredi, 25 février 2009

Atelier des enfants en direct

La vie d'une ONG en direct, c'est le défi que nous nous lançons avec l'ouverture de ce blog!
L'Atelier des Enfants travaille depuis 30 ans aux côtés de la population démunie du district de San Juan de Lurigancho à Lima. D'abord une garderie édifiée sur un terrain vague pour offrir une solution aux mamans qui travaillent et qui ne savent quoi faire de leurs enfants. Une réponse donc concrète aux accidents domestiques qui surviennent quand les enfants sont seuls à la maison ou à l'absence de stimulation des petits quand ils doivent rester couchés sous l'étal derrière lequel la maman doit rester toute la journée pour vendre divers articles. Aujourd'hui, c'est une vraie entreprise au sens noble du terme, entreprise de gens qui se dédient à trouver des solutions aux habitants du bidonville. Pour en savoir plus, vous pouvez aller sur www.atelierdesenfants.ch ou, si vous parlez espagnol, sur www.tallerdelosninos.org.pe
Au fait, je m'appelle José Ticon et je suis président le l'association suisse qui cherche les fonds pour soutenir l'action menée au Pérou. Je passe quelques mois actuellement à Lima pour mieux comprendre la réalité des habitants de ce bout de planète. 
Le blog est ouvert pour discuter en direct du Pérou, du développement, d'Atelier des Enfants, des bidonvilles. Si quelqu'un a une question...