De ce côté-ci de la planète, (je suis au Pérou) l'été bat son plein! Pourtant, déjà, les enfants doivent songer à retrouver le chemin de l'école qu'ils ont abandonné pour cause de vacances depuis Noël. Atelier des Enfants a organisé hier la journée portes ouvertes dans son centre d'éducation enfantine. 170 enfants y sont inscrits, ils ont tous de 3 à 5 ans et une maman qui travaille, condition pour accéder à la scolarité à plein temps offerte par Atelier des Enfants. Les autres écoles offrent une scolarité du matin.
Dès 14h30, les parents et les enfants ont été accueillis par toute l'équipe éducative qui s'est présentée (éducatrices, infirmière, équipe de cuisine, psychologue, nutritionniste, etc.) et qui a fait son maximum pour que le jour de la rentrée (lundi) se déroule au mieux. La confiance est essentielle lorsqu'une maman dépose à 7h30 son petit de 3 ans pour aller à son travail, c'est à l'établissement de ce lien avec les familles que s'est attelée l'équipe. Projection de photos des activités de l'année dernière, explication des repas, du suivi médical proposé, des attentes face aux enfants, visite des locaux, insistance sur la nécessité de communiquer entre parents et enseignants, humour. Pendant ce temps, déjà, bon nombre d'enfants jouaient dans la cour sur des tapis de mousse et des toboggans mous.
Tout le monde me parle des pleurs, des premiers coups et de la difficulté de la transition pour tous ces enfants dès lundi. Il est vrai qu'ils vont malgré leur jeune âge entrer dans des journées de travailleurs. Ce n'est qu'à 16h30, 17h00 qu'ils pourront se retrouver dans leur univers mieux connu.
Derniers jours de préparations avant la lancée de l´année scolaire... tant de souvenirs se bataillent la place dans ma mémoire...
RépondreSupprimerMon nom est Christiane Ramseyer, Cristina pour tout le monde ici. C´est moi qui en 1978, ai eu la privilège de pouvoir commencer la construction de cette grande aventure qu´est devenu l´Atelier des Enfants - Taller de los Niños á Lima.
La décision de "faire quelque chose" pour les enfants dont les mamans travaillent hors de la maison n´est pas née n´importe comment. Elle a surgit de ces expériences douloureuses que le Pérou et n´importe quel pays pauvre apporte sans doute réserve á des visiteurs curieux. Un jour alors que je ne savais si rentrer en Suisse où continuer un mandat de volontaire á l´Hopital du Cancer, un ami m´a appelé pour me dire qu´une maison s´était enflammée dans un bidonville et qu´il "avait besoin de mon aide". Lorsque je suis arrivée sur les lieux - grace au taxi que d´autres ne pouvaient pas payer - je me suis retrouvée face aux débrits d´une maison de paille et poutres détruites par le feu qui avait jaillit d´une allumette qu´un enfant et ses soeurs avaient frotté pour tenter d´allumer leur réchaud de fortune. Sur la mémoire de la peau de mes bras, j´ai encore "tatoué" le souvenir du contact d´un de ces enfants mourant. Les autres survécurent que peu de jours... et cela fut la détente pour prendre la décision: Si cela était en mon pouvoir, moins d´enfants d´enfants vivraient enfermés dans leurs maisons pendant que la maman irait travailler... et c´est ainsi qu´est né le reve de la Garderie.
Pour pouvoir obtenir ce terrain aride dans le bidonville de Arriba Perú, j´ai du faire... en ce temps là, 178 allers et retours au Ministère du Logement, puis construire... sans encore avoir d´argent, mais toujours avec l´espoir que les petits miracles sont toujours possibles.
Les années ont passé, mais á chaque fois, l´émotion est la meme: nous allons bientot recevoir de nouveaux enfants á notre charge. Qui seront-ils ? Sauront-ils sentir notre amour pour eux ? Serons-nous capables avec toute l´équipe de leur faire sentir que meme si leur maman a été travailler, ils ne sont pas totalement seuls?
Il ne nous reste plus que 4 jours avant le début des classes et cette boule dans l´estomac nous accompagnera jusqu´á savoir si nous avons été capable de relever le pari du premier jour d´école.
Cette année est toute particulière, car José Ticon est á nos cotés. Il va pouvoir vivre ces premières minutes et les transmettre je pense avec de meilleurs mots.