mardi, 17 mars 2009

Les détails comptent

Je rendais hier visite à Célia qui dirige un centre de formation de jeunes faiblement scolarisés. En 45 jours, ces derniers peuvent devenir machinistes en textile, formation qui s'avère très rentable. Le Pérou produit, en effet, beaucoup de textiles en coton de bonne qualité. Malgré la récession actuelle, le Pérou s'enorgueillit de maintenir une croissance de 5% et une consommation intérieure stable. Le taux de chômage des jeunes lui frise les 30% en bonne partie faute de formation de qualité. L'enjeu est donc de taille, trouver des opportunités d'emploi et concevoir une formation courte accessible à des jeunes vulnérables au niveau économique et scolaire. 
Après 3 ou 4 ans de pratique comme machinistes en textile, les professionnels gagnent 3 fois le salaire de base au Pérou (400 soles, soit 140CHF). Chaque année, Célia et son équipe forment 150 jeunes environ qui sont ensuite, grâce à un système de bourse du travail, placés en ateliers de confection ou en entreprise.
Cette formation doit donner tous les trucs du métier pour convaincre les patrons de garder en poste les jeunes formés par Atelier des Enfants. Par exemple, se la ver les dents après chaque repas revêt une importance cruciale. Oui, si l'haleine est fétide, l'odeur du tissu immédiatement en est contaminée. Une cure de rafraîchissement du vêtement s'avère nécessaire par l'application d'un aérosol changeur d'odeur. Pour le patron, cela entraîne un surcoût, l'employé entre dans la liste noire et peut perdre à terme son emploi pour sa mauvaise haleine...

vendredi, 6 mars 2009

Maman adolescente, une formation pour s'en sortir!


En 6 semaines, elles ont appris à animer des groupes d'enfants, à connaître les étapes du développement des plus jeunes, elles ont expérimenté des activités manuelles, raconté des contes, mémorisé des chansons. Et surtout, elles ont développé une meilleure estime d'elle même. Elles, ce sont les mamans adolescentes qui en ce début de mois de mars ont vécu le baptême du feu, leur première rentrée comme professionnelle. Elles viennent, en effet, de terminer leur formation d'auxiliaires d'éducation enfantine, et, déjà, les voilà propulsées face à des bouts de chou, eux aussi désemparés, rentrée oblige. 
Bien sûr, les enfants, elles connaissent, elles sont mères à 14, 16 ou 18 ans et elles ont dû traverser l'immense souffrance de décevoir leur famille pour faire naître un petit non désiré. Par chance, la formation a aidé à gagner de la confiance en soi. Pour certaines, l'accès à un travail rétribué est une opportunité extraordinaire. Parallèlement, Atelier des Enfants les a accompagnées dans la recherche d'un équilibre entre la nécessité de travailler et celle de garder leur enfant. Car une vie digne doit être possible pour elle sans sacrifier leur enfant. C'est le pari de la formation offerte et des opportunités de travail ainsi créées.
Dans le district de San Juan de Lurigancho à Lima, ce sont plus de 5'000 adolescentes qui sont concernées par une grossesse précoce. Et le phénomène prend de l'ampleur. Surtout dans les couches les plus vulnérables de la société. Un réseau de soutien à ces jeunes mamans s'est mis en place en alliance avec la maternité de Lima. Atelier des Enfants a initié ce travail d'accompagnement. La formation professionnelle entre dans les stratégies pour vaincre le cercle vicieux de la pauvreté. Et parfois, cela donne de beaux résultats. Belle rentrée aux jeunes auxiliaires d'école initiale!

mardi, 3 mars 2009

Pas la pêche Anderson?


Ce jour-là Anderson a pas la pêche! A 7h30, ce 2 mars, jour de rentrée, son papa l'a déposé dans la salle à manger du centre d'éducation initiale d'Atelier des Enfants de Canto Grande, bidonville à 1 heure de route du centre de Lima. Sa maman, elle était déjà partie à son travail à ces heures-là.
Anderson a pris un peu de pain, mais c'est quoi ce lieu nouveau peuplé de parents au visage grave et d'autre enfants un peu endormis?  Quelle idée a eue son papa ensuite de le conduire dans sa salle de classe, toute belle peinte en jaune bourrée de jeux éducatifs, et de partir!!! 
C'est ça qui a tout déclenché, mais pourquoi devait-il partir? Anderson s'est accroché à lui et a fondu en larmes. Réaction assez normale en somme! Les activités de contes, de Lego, de jeux à l'extérieur ont, parfois, durant la matinée réussi à distraire Anderson de son gros chagrin. 
Mais la fatigue aidant, vivre avec 34 autres petits camarades du même âge et 140 autres grands c'est tout un travail!, la peur de rester abandonné a repris le dessus. Et Anderson a commencé à hurler, déclenchant la surprise de certains de ses camarades ou ... d'autres pleurs. 
Par chance, le lavage de mains rituel avant le repas et la découverte d'une platée de pâtes bolo l'ont réconcilié avec le centre, avec ses camarades, avec la nouveauté, avec la vie. Combien de temps lui donner pour qu'il vienne le matin avec un sourire de "Joyeux anniversaire" aux lèvres?